Lieux de tournage

L’histoire de l’ouvrage de l’Agaisen remonte aux travaux de la commission de défense des frontières (CDF) de 1925. Le site fut choisi en 1929 pour implanter un ouvrage mixte qui aurait comme mission le barrage de la trouée de la Bévéra. Sa construction et son équipement intérieur s’échelonneront de 1929 à 1939. Sa carrière opérationnelle en tant que place de guerre s’étalera de 1937, date de la première occupation à 1991, date de son déclassement du domaine militaire et sa vente à la commune de Sospel.
Toutefois son histoire ne s’arrête pas là, et depuis la reprise par l’association EO-3 Agaisen l’histoire de l’ouvrage s’inscrit dans un cycle de préservation, de reconstruction et de restauration.

La construction du gros œuvre de l’ouvrage s’étala de 1930 à 1935. L’équipement intérieur fut réalisé pour l’essentiel de 1935 à 1937, date de la première occupation de l’ouvrage par la troupe au cours d’un exercice. A noter que les effectifs de guerre de l’ouvrage sont passé d’environ 300 hommes à 400 hommes.Le capitaine Lejeune17 prend le commandement de l’ouvrage en avril 1940.

Le premier engagement de l’ouvrage dans les combats eut lieu le 20 juin lors de l’offensive italienne et ne cessa qu’avec l’armistice le 25 juin à 0 h 35. Cet engagement consista à l’exécution de tirs d’appui au profit des sections d’éclaireurs skieurs et des avant-postes. L’état de la consommation en projectiles d’artillerie de l’Agaisen illustre bien la violence des combats, la tourelle a ainsi tiré plus de 1800 coups entre le 20 et le 25 juin, soit environ 50% de sa dotation théorique avec une activité maximale entre le 23 et le 25 juin où ont été tirés prés de 1400 coups en 36 heures. Pendant les cinq journées de l’offensive italienne, l’ouvrage fut bombardé par de l’artillerie de gros calibre sans réels dommages, les blocs étant surtout criblés d’éclats. Les canons de siège de l'artillerie italienne furent sans effets sur l’ouvrage.

L'ouvrage est démobilisé en bon ordre par les troupes françaises qui en assurent la garde jusqu'en 1942 et l'invasion de la zone Sud. A la libération, en 1944, Plusieurs témoignages de militaires américains du 517 PRCT attestent de l’utilisation de la tourelle de 75mm par les Allemands au cours des violents combats entre le Col de Braus et le mont Farguet.

L’ouvrage est abandonné en même temps que Sospel le 28 octobre 1944, mais avant de le quitter les allemands en sabotent les deux ascenseurs et une partie de l’usine occasionnant de sérieux dégâts. Lors des combats de l’Authion, en avril 1945, les tourelles de l’Agaisen et du Monte Grosso forment une batterie non endivisionnée rattachée au 1er R.A. C. Dès la fin du conflit, le service du Génie militaire reçoit comme tâche la reconstruction des installations de l’ouvrage pour pouvoir le rendre à nouveau opérationnel.

A partir de la fin années 60, le service du génie voit ses crédits diminuer et l’abandon progressif de tous les ouvrages semble inéluctable. Seuls ceux présentant un intérêt particulier sont conservés en état de marche. Compte tenu de la présence de la plupart des matériels de fortification de 1940, l’ouvrage de l’Agaisen est désigné pour être conservé au titre de l’enseignement militaire et bénéficiera des soins de plus en plus limités par les budgets jusqu’à la fin des années quatre-vingt.

L’ouvrage est aujourd’hui propriété de la commune de Sospel et la gestion du site a été confié par bail emphytéotique à l’association EO-3 Agaisen. L’Ouvrage de l’Agaisen offre une vitrine particulièrement riche des matériels électromécaniques et autres matériels industriels et technologiques de la première moitié du XXe siècle. C’est un véritable conservatoire de l'âge d’or de l’aventure industrielle des années d’après première guerre mondiale. Les moteurs Diesel, même s’ils étaient connus depuis la fin du XIXe siècle deviennent des accessoires indissociables des méthodes de production de l’énergie électrique.
Les installations électromécaniques recèlent de véritables trésors particulièrement représentatif de la période. Il s’agit par exemple des armoires de commande des ascenseurs, qui sont le summum de la technologie électromécaniques et qui ne seront réellement supplantée que par l’apparition des composants d’électronique de puissance dans les années 1980. De même les équipements de la tourelle reprennent en grande partie les technologies mises au point pour la traction électrique des premiers métro Parisiens.